C’est un lieu commun : nous évoluons sans répit (ou presque) dans un monde d’images et de technologies dont les origines, les mécanismes nous échappent grandement – happés que nous sommes par leur efficacité fonctionnelle.
À rebours de cet état de fait, là où l’on ne perçoit habituellement que boîtiers compacts et opaques, l’installation Dyslexie de surfaces, nous invite à pénétrer dans cet espace caché, à en éprouver l’esthétique.
Dans ce chantier au long cours qu’il développe depuis 2019, Jean-Julien Ney appréhende nos objets numériques dans leur physicalité irréductible. Il sépare les composants, distend les circuits, insère du vide, crée des volumes, travaille l’image et son altération telle un objet. Ses mains dissèquent, mais loin de se défaire de la logique machinique, elles nous la restituent comme agrandie, en quelques sortes à la fois ridiculisée et effrayante.
Nous sommes en effet face à des paysages à l’élégance clinique, se présentant comme autant d’arrêts sur image pris dans le mouvement imperturbable d’une machinerie obsessionnelle. Régies selon l’angle droit du profilé d’aluminium, des surfaces se dupliquent, obéissent à un processus imparable, à même d’absorber, comme le suggère le titre, ses propres dysfonctionnements. Une fuite en avant absurde ?
C’est en tous cas une mise à distance qui s’opère dans notre regard.