EXPOSITION
DU 22 MAI AU 20 JUIN 2004

Aimée à jamais

Françoise Quardon

Le Parc Saint Léger — Centre d’art contemporain a invité Françoise Quardon pour une résidence et une double exposition, collaboration qui prend place au sein d’un cycle de travail de l’artiste, commencé à l’automne avec l’exposition  « La surface de réparation » au Centre d’art contemporain Passages, à Troyes, et poursuivi avec « Romeo II Bleeding », au Triangle à Rennes cet hivers.

« Être en creux, à la surface, impressionnée et impressionnable, plonger dans la vague pour en ressortir et reprendre son souffle, en mille morceaux, débarrassé enfin de ce que j’aurais servi à contenir ; la bouteille à la mer a pris l’eau, le message est effacé. »

« La surface de réparation », terme emprunté à l’univers du football (zone de la faute et de sa réparation), est d’abord la peau même de l’artiste, sur laquelle elle a entrepris un travail impressionnant de tatouage. Ce travail sur la surface, déjà présent dans des travaux antérieurs, notamment les dessins et les photographies piquées, s’étend ici, avec Rose de Personne, à d’autres surfaces qui sont autant d’enveloppes doubles de l’artiste, protections autant que supports fantomatiques, fantasmatiques : une robe, un parfum, des pièces de mobilier domestique, des images où le corps de l’artiste est le lieu d’une négociation amoureuse toujours incertaine et périlleuse, où l’amour et la mort sont « à jamais » et pour toujours indissociablement liés.

L’exposition de printemps : « Aimée à jamais », introduit le propos à travers un choix de pièce importantes de ces dernières années dans lesquelles il est déjà question de la mémoire, de fantômes, d’amour et de disparition. Autour de la pièce centrale Les larmes de Milena, réalisée pour l’exposition « Féminimasculin » au Centre Georges Pompidou en 1995, des sculptures, des bustes en faïence, le film-vidéo La surface de réparation, des dessins et photographies piquées construisent un parcours dans lequel chaque pièce rejoue les termes récurrents de l’artiste : la fragilité de l’amour, la vulnérabilité du corps, le trivial et la brutalité qui affleurent sous l’apparence anodine et désuète de l’ornement. Ni objets, ni véritablement sculptures, les pièces de Françoise Quardon sont des « rejets de nature hybride », des « fictions provisoires », lieux d’apparition d’une pensée toujours en mouvement qui trouve sa matérialisation dans des associations ou assemblages complexes qui mêlent l’objet trivial et l’image cinématographique, le motif ornemental et le chromo populaire, le langage amoureux et la forme allégorique.

 

Danièle Yvergniaux