Située dans la Nièvre, la commune de Nannay est encerclée par des collines, des forêts, des vignes et des étendues cultivées. Benoît-Marie Moriceau y présente une nouvelle pièce intitulée Roof Garden, qui fonctionne comme un élément perturbateur dans cet environnement. L’artiste a choisi le site de l’ancienne décharge publique, terrain désormais endigué par des gravats qui forment un précipice d’une dizaine de mètres. Ce terre-plein reconquis par la végétation sauvage, exerce une contrainte sur la verticalité naturelle des arbres en bordure, conférant à ce paysage un caractère accidenté. Malgré la singularité de cette zone « périrurale », le site échappe au cliché pastoral, et demeure a priori quelconque.
Roof Garden transpose le vocabulaire moderniste de la toiture terrasse en une composition minimaliste. Surélevée de quelques centimètres du sol, cette plateforme crée l’illusion d’un espace souterrain qui n’existe pas. Plus qu’un trompe-l’œil, il s’agit d’une rencontre improbable entre une réplique d’un espace urbain périphérique et une topographie rurale artificielle. Les éléments qui constituent cette composition, tous dotés d’une fonctionnalité architecturale, interrogent à travers leur agencement, les codes moins rationnels qui régissent la mise en relation d’œuvres d’art au sein d’une exposition. L’œuvre engage un réel dialogue avec son environnement, invitant le visiteur à expérimenter sa perception en déambulant parmi les éléments préfabriqués. En cela, Roof Garden, renvoie aux sources de l’art minimal et particulièrement aux Scattered pieces, environnements composés de matériaux bruts dispersés au sol. La reconstitution symbolique d’un paysage dans le paysage, les multiples plans successifs vers lesquels la sculpture oriente notre regard sont autant d’éléments qui évoquent l’esthétique du jardin japonais, influence fondamentale pour les artistes de l’art minimal à la fin des années soixante.
Benoît-Marie Moriceau vit et travaille à Rennes.