À l’occasion de la fin de sa résidence au Parc Saint Léger, Caroline Mesquita présente « Sloths », un projet spécifiquement conçu pour le Pavillon des Sources, l’immense verrière aux armatures bleues située à quelques dizaines de mètres de l’espace d’exposition du centre d’art. Traduit en français, « sloth » signifie littéralement « paresseux », comme le nom que porte cet animal à mi-chemin entre l’ours et le singe, vivant suspendu, la plupart du temps à l’envers, aux branches des arbres de l’Amazonie. Constituée d’une dizaine de représentations de paresseux, l’installation de Caroline Mesquita nous montre l’animal au sol, au moment où il est le plus vulnérable – sa nonchalance caractéristique en faisant un met de choix pour les prédateurs terrestres.
Dans le Pavillon des Sources, qui prend pour l’occasion l’allure d’un grand enclos de verre, les sculptures en laiton, de jour, reflètent le soleil filtrant à l’intérieur du lieu ; de nuit, la lumière provient du métal, comme un signal traduisant l’énergie des corps. Légèrement oxydée par endroits, la surface tachée semble porter en elle le signe distinctif de cette communauté secrète et éphémère, dont ses membres sont reliés les uns aux autres par de fines lignes fuyant au sol.
Mais de quoi est-il réellement question, ici, au juste, et quel est l’enjeu de cette réunion ? Si le mystère reste entier, il n’est cependant pas exclu d’émettre quelques suppositions. On pourrait alors établir une correspondance entre le corps inadapté des animaux, contraints à survivre en territoire hostile, et celui de l’homme, prié de se conformer à son environnement social et économique – sous peine, lui aussi, d’y laisser sa peau.