Pour savoir écrire, il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre.*
En appliquant la méthode de lecture en arpentage aux ouvrages ayant donné lieu à une fiche de lecture par Guy Debord, penseur éminent du politique et de la société de consommation du XXème siècle, Sylvain Couzinet-Jacques en redouble en quelque sorte l’énergie, la motivation émancipatrice.
S. C.-J. inscrit en effet son projet au long cours, en regard du considérable travail de transcription et classement des fiches de lecture de G. Debord réalisé depuis plusieurs années par la conservatrice et commissaire Laurence Le Bras (cf. Exposition Guy Debord. Un art de la guerre , BNF, 2013 ; La librairie de Guy Debord, une collection des Éditions L’échappée.)
Le fonds Guy Debord, classé trésor national en 2009, a en effet rejoint depuis 2010 les collections du département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Parmi ces documents se trouvent les fiches de lecture que Guy Debord a patiemment constituées pendant quarante ans et qui donnent un aperçu certes de sa bibliothèque mais également de la méthode d’élaboration de son œuvre.
Projet au long cours, La Bibliothèque de Guy Debord trouve sa ressource dans la conduite d’autant de lectures en arpentage que de livres ayant donné lieu à une fiche de lecture par G. Debord, soit 464 ouvrages.
Durant environ 2 heures un groupe préalablement constitué s’empare de l’un des 464 ouvrages. Celui-ci est littéralement fractionné en autant de parties que de participants. Après un temps de lecture libre et individuelle, chaque participant s’appuyant sur sa mémorisation ou/et ses notes, restitue à haute voix le contenu de sa lecture. Un échange entre l’ensemble des participants peut alors avoir lieu.
L’artiste introduit et accompagne la mise en place de l’atelier et s’assure que les participants puissent individuellement et collectivement s’approprier l’expérience dans une ‘égalité’ de lecture.
Parallèlement, il met en place un système de captation audiovisuelle de l’échange.
Ce matériau vidéo donne ensuite lieu à un travail de montage aboutissant à un film d’une dizaine de minutes environ, lui-même matériau d’une future installation.
Le processus La Bibliothèque de Guy Debord se nourrit ainsi d’un travail d’observation, de partage d’expériences humaines, autour de la réception – ici et maintenant en ce début de XXIème siècle – d’un ensemble de textes ayant marqué l’histoire de la pensée. Il en enregistre la dimension expérimentale, performative.
À terme, voire en cours de processus, le projet prendra la forme d’une installation vidéo encore à définir. Le lien avec le projet d’archivage du fonds Guy Debord par la BNF pouvant être alors activé à cette occasion.
