Rendre compte par l’exposition d’une expérience artistique et humaine telle que « la Cure, traitée d’art contemporain » est une entreprise complexe. Néanmoins, ce temps « à voir » de la cure répond à la nécessité et au principe de rendre public une action artistique, de donner un accès, même partiel et partial, à un processus de création. L’exposition n’est qu’une première étape dans cette deuxième phase, qui est celle de la restitution. Elle sera suivie d’une édition, compte-rendu jour après jour des trois semaines « à vivre », et d’un film vidéo, qui sera l’œuvre finale, réalisée par Frédérique Lecerf, auteure de ce projet.
L’exposition est conçue autour d’un noyau : le film vidéo de 45 mn environ, monté par Valérie Chappellet et Germain Languille à partir des images nombreuses tournées au cours de ces trois semaines : actions artistiques, discussions, vie au quotidien. Ce film permet au spectateur de saisir les ambiances et les tentatives des artistes et des curistes, jour après jour, les différences de couleur et de démarche d’une semaine à l’autre. On peut entendre le journal d’une curiste au long cours, adressé aux organisateurs.
Le Centre d’art garde à disposition des visiteurs les espaces de travail, de discussion et de rencontre de la cure. L’espace central est occupé par les transats verts disposés en corolle, forme incontournable et cadre des nombreuses réunions. La grande mezzanine ouest, salle de visionnage, garde ce dispositif, et remet le visiteur dans la situation vécue au quotidien par les curistes. L’espace de documentation est conservé, et donne accès aux vidéos d’artistes, aux livres proposés par les artistes et les curistes, aux pages du Journal du Centre, partenaire de « la Cure », comme aux bandes sons diffusées sur Radio Nevers. On peut y écouter aussi les phrases déposées par les curistes pour Pierre Giquel, artiste poète absent pendant le mois de juillet, qui s’en saisira par la suite pour l’écriture d’un texte, d’une poésie ou d’une chanson.
Les murs du Centre d’art gardent les traces des trois semaines, et donnent à voir les différentes propositions des artistes.
La première semaine, menée par Frank Lamy, commissaire d’exposition, Véronique Hubert et Valérie Bert, est visible dans différents espaces. Dès l’entrée, à gauche, côté parc, les silhouettes de tous les participants dessinées par Véronique Hubert directement sur le mur, sont parasitées par son personnage récurrent, Mimicry, âme damnée ou ange gardien, directeur de conscience extra-terrestre. Le fauteuil rouge face au parc permet de revivre l’une des propositions de casting de Véronique Hubert : Bien se détendre. Le bas-côté sud accueille La valise d’exposition de Frank Lamy, dont il a extrait chaque soir des œuvres pour ses micro vernissages. Certaines œuvres ont d’ailleurs été réalisées par des artistes spécialement pour « la Cure ». Enfin, dans la salle de projection, on peut voir la vidéo Changer le sens du vent, réalisée avec les curistes sur une proposition de Valérie Bert.
La deuxième semaine, proposée par Cécile Paris, Roberto Martinez et Laure Bonicel , s’est déroulée de manière plus collective, les artistes ayant choisi de travailler ensemble et de faire des propositions communes pour tout le monde : actions performances, travail sur la perception et sur l’image. Elle est présente d’abord par l’ambiance colorée de l’espace central et sa lumière rouge, et le fragment de mur, côté parc, couvert de concombres. Tendues sur un fil rouge, les photographies emblématiques de cette semaine sont présentées dans le bas-côté nord. Enfin, la mezzanine est un espace à disposition des visiteurs, dans lequel ils peuvent réactiver la performance chorégraphique de Laure Bonicel, avec les sacs de couchage.
Enfin, la troisième semaine est visible dans l’espace central, sur les deux grands murs face-à-face, le mur du temps d’Olivier Nottellet, et le mur proposé par Agnès Rosse, autour de son système d’économie poétique. Ces deux murs ont évolué au cours de la semaine, se sont chargés de propositions, puis ont été épurés pour n’en garder que l’essentiel. Sur un cube blanc sont donnés à voir les Cadeaux d’anniversaire de Nathalie Lecroc. Enfin, les courses à pied proposées aux curistes par Soussan LTD par l’intermédiaire de Paul Robert, artiste coureur de fond, sont présentes par quelques traces photographiques, et les bouteilles d’eau de Pougues que Paul Robert a absorbé, comme pour une cure, du 6 au 28 juillet, durée de la cure à vivre.