Kevin Bogey, Morgan Courtois, Julie Gufler, Rosa Joly
EXPOSITION
DU 3 avril au 15 mai 2015
Les trépignements du fakir
Collège Le Rimorin, Dornes (58)
La question du titre, en art, n’est jamais complètement anodine. Fausse piste ou rampe de lancement vers une lecture orientée d’œuvres en attente de regardeurs, il esquisse les premières lignes directrices, génère mentalement les images qui donneront, plus ou moins provisoirement, sa tonalité à l’exposition. Parfois, comme c’est le cas avec « Les trépignements du fakir », le titre porte la promesse d’histoires ou de situations que la présence du visiteur viendra, finalement, éclairer ou embrumer.
« Les trépignements du fakir » donc, réunit au collège le Rimorin à Dornes quatre artistes aux pratiques diverses (peinture, sculpture, vidéo et performance), regroupés dans le cadre de cette exposition par des intérêts partagés pour les phénomènes physiques, l’enchantement de la matière et l’étrangeté rituelle. Se jouant des clichés pour apposer à l’ascète oriental l’apparent paradoxe de gesticulations impatientes, ce titre agit comme le prologue d’une installation investissant tout l’espace de la galerie. On pourra dès lors se demander ce qui a bien pu causer la nervosité dudit fakir, mais nul doute que la réponse n’aura de cesse de se dérober.
Car dans cet ensemble d’œuvres où se rencontrent l’inerte et l’organique et où se côtoient, à travers de troublantes hybridations, le naturel, le manufacturé et le mécanique, s’érige un écosystème fantaisiste. On y croisera, parmi d’autres pièces étonnantes, une fontaine, où l’eau bleutée suit le chemin que le sang parcourt dans les artères du cœur, un vase criblé de pailles par lesquelles suinte du thé et même un pied de Bouddha, dont la cavité procure un refuge inattendu à des souris comme pétrifiées.
Dans cet environnement aux multiples paradoxes, où les référents du monde réel semblent destitués de leurs fonctions initiales pour en investir de nouvelles autrement plus poétiques, c’est tout un exotisme de proximité, couvert par le chant des oiseaux mécaniques, qui finit par surgir.
Franck Balland