L’exposition, qui présente les œuvres réalisées par les artistes invités en résidence, est l’aboutissement d’un processus de travail expérimental tant pour le Centre d’Art que pour les artistes. À l’origine, un choix artistique partagé – la sélection des artistes a été opérée par deux directeurs de centres d’art à partir de la scène artistique de leurs régions respectives1 – a donné lieu à un rapprochement de pratiques et de formes artistiques très hétérogènes. Après s’être juxtaposées à Altkirch en décembre 1998, elles se sont à nouveau confrontées à Pougues-les-Eaux dans un espace-temps de production et de séjour jalonné de rencontres et de débats, formels ou informels, entre les artistes et l’institution. Depuis le mois d’octobre, ce processus en évolution a favorisé l’émergence des projets de chacun et leur redéfinition en fonction du contexte du Centre d’Art mais aussi des échanges entre artistes.
À travers ces huit propositions artistiques se dessinent des points de convergence ou des préoccupations communes : la représentation, le portrait et l’image chez Martine Locatelli, Virginie Marnat-Leempoels et Gérald Petit qui empruntent au plus proche du contexte et de la configuration même du Centre d’Art le sujet de leur travail ; les questions d’ordre politique, économique et social à propos de la valeur de l’art, du statut de l’artiste et du travail chez Serge Stephan, Lilian Bourgeat et le Bureau d’Etudes Bonaccini_Fohr_Fourt. Autour de ces principaux pôles d’intérêts gravitent deux positions singulières : celle de Pierre-Louis Aouston qui procède à un recyclage de l’image médiatique et celle de Pascal Pilot dont le travail poétique sur le paysage a trouvé ses prolongements par l’utilisation de la vidéo dans le Parc Saint Léger.
Cette expérience inhabituelle a permis de repenser la notion de résidence, d’interroger les conditions d’apparition et de production de l’œuvre et enfin de vivre au jour le jour, dans une acceptation de l’inattendu et des éléments impromptus constitutifs de l’histoire de cette exposition, davantage perçue comme un vaste laboratoire d’investigations artistiques que comme une exposition dans le sens traditionnel du terme.
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1 En Alsace par le directeur du Centre Rhénan d’Art Contemporain et en Bourgogne par la directrice du Parc Saint Léger – Centre d’Art Contemporain. Cette sélection a fait l’objet d’une première exposition intitulée Champ 9 à Altkirch en décembre 1998-janvier 1999.