Depuis 1995, Olga Kisseleva s’intéresse aux nouveaux médias en tant que genre et aux relations complexes entre réalité et virtualité. Après quelques œuvres spécifiquement pour le net, elle développe des « projets au long cours », qui prennent corps dans différents pays et différents contextes comme « Si loin, Si proche » à Pougues-les-Eaux. L’exposition se présente en deux parties. Elle s’ouvre sur une série de photographies, vues de divers lieux urbains qui semblaient au premier regard appartenir à la même métropole : tours, grands ensembles, des éléments architecturaux aujourd’hui banalisés et universels. Un regard plus attentif permet, à partir de quelques détails dans la signalétique ou les motifs ornementaux, de situer les vues prises dans des lieux qui sont précisés par les titres inscrits à part dans l’exposition : Paris, New-York, Vladivostok, Nice, Moscou… Ces photographies pointent l’uniformisation des villes dont certains quartiers, notamment les quartiers périphériques et les quartiers d’affaires, ont totalement occulté toute référence culturelle, pour laisser place aux modèles occidentaux, qui aujourd’hui peuplent tous les quartiers modernes de la planète.
Au premier étage du Centre d’Art, on peut découvrir un espace aménagé en appartement dans lequel on peut vivre et même dormir mais qui, surtout, propose un voyage immobile dans un premier temps à St Petersbourg puis, dans la deuxième partie de l’exposition, à Los Angeles. Par des connections internet multiples, l’accès aux médias et aux réseaux du lieu évoqué, le visiteur peut se déplacer sans quitter Pougues-les-Eaux et vivre « à la russe ou à l’américaine ». Contrepoint aux photographies, ce dispositif interactif abordait sous un angle différent le phénomène de la mondialisation, par le biais de nouveaux moyens de communication qui peuvent aussi être un moyen de connaissance d’autre culture et d’autres modes de vie.
Olga Kisseleva questionne ainsi l’une des mutations les plus importantes apparues ces dernières années et qui indéniablement modifie considérablement notre perception du monde, notre rapport à l’étranger, à l’exotisme, notre approche des espaces et des distances. Sans afficher de jugement péremptoire sur ce phénomène, elle laisse parler les photographies, elle donne les outils pour mesurer par soi-même l’effet de cette mondialisation sur nos vies, en nous laissant libre d’agir ou de subir.
L’exposition donne lieu à la publication de jeux d’étiquettes permettant de faire voyager son logement sans se déplacer et d’un guide international des sites pratiques internet.
Les spectateurs ont également la possibilité de réserver l’appartement pour une nuit en téléphonant au centre d’art.