EXPOSITION
DU 05 JUIL. AU 05 OCT. 2003

Terre protégée

Gina Pane

Terre Protégée I, pièce centrale de l’exposition de Gina Pane qui donne sont titre à l’exposition présentée durant l’été 2003 au Parc Saint Léger – Centre d’Art Contemporain, est une installation réalisée en 1968 pour la première fois sur un terrain dans la banlieue de Turin et montrée par la suite au Musée d’Art Moderne de Toyama en 1990 pour « The Fourth International Contemporary Art Exhibition ». Sur un lit de terre, des lanières de chanvre disposées régulièrement de façon à former un rectangle relient des structures plates de bois biseautées, orientées vers les quatre points cardinaux. Chaque pièce de bois recouvre un sachet de graines nourricières ou florales.

Terre Protégée II est une action in situ réalisée en 1970. La photographie constat montre l’artiste allongée sur le dos les bras en croix sur un sol de terre brute. Enfin, Terre protégée III (1970) est la photographie de l’inscription-même du titre modelé sur le sol. Œuvre éminemment symbolique, Terre protégée porte toute la dimension sensible, poétique et politique du travail de Gina Pane et elle trouve aujourd’hui un écho criant dans le monde dans lequel nous vivons. L’œuvre de Gina Pane a profondément marqué la scène artistique française et continue à nourrir la mémoire et le travail de nombre d’artistes contemporains. Trop vite et trop souvent associée aux actions corporelles qu’elle a effectué dans les années 1970, Gina Pane a construit dès la fin des années 1960 une réflexion tant philosophique, poétique que plastique qui place le corps, son corps comme outil de compréhension et de transformation du monde, notamment du monde dans sa matérialité, la nature et les éléments premiers qui la constituent : La terre, le minéral et le végétal. Dès la fin des années 1960, après des premiers travaux de peinture et de sculpture, elle effectue un certain nombre d’actions in situ dont nous avons la trace par des constats photographiques : Pierres Déplacées, 1968 ; Enfoncement d’un rayon de soleil, 1968 ; Mon corps, Pierre de corps, 1970 ou encore Continuation d’un chemin de bois, 1970. Dans ces actions, Gina Pane effectue des transformations douces, signifiant une attention, une réconciliation voire même un acte d’amour, de réciprocité entre le corps/être humain et la terre nourricière.

L’exposition a tenté un parcours historique dans l’œuvre de l’artiste, par ce lien avec la nature qu’elle ne cesse d’interroger, dans les différentes formes de son œuvre : installation, action, partition. Elle a permis de saisir le cheminement du travail, sa complexité et sa cohérence, à partir de la sculpture Hyde Park Gazon (1965-1966) œuvre fondatrice, point de jonction entre les premières œuvre abstraites et minimales et tout le projet que l’artiste a mis en œuvre par la suite. Le dessin, qui tient une place majeure dans le travail de l’artiste, aura été également présent par un ensemble important réalisé autour de l’Action de chasse, c’est la nuit, chérie…(1979-1980).

Dans cette action, réalisée à New York par des performers, d’après un storyboard écrit très précisément par l’artiste, Gina Pane met en jeu l’activité nocturne humaine et/ou animale, inquiétante ou amoureuse, l’affrontement physique et symbolique qui se joue dans l’obscurité.

 

Danièle Yvergniaux