Le travail de Lise Duclaux, montré sous le titre générique « Travaux » au collège Adam Billaut de Nevers, est le contrepoint de l’exposition « Instants Fragiles » présentée au Centre d’art contemporain de Pougues-les-Eaux du 21 janvier au 30 avril 2004. À cette occasion, l’invitation a été faite à Lise Duclaux d’investir différents espaces du collège. L’administration, et plus particulièrement le bureau de la Principale de l’établissement, a été choisie pour une proposition murale de l’artiste : un wall paper intitulé Les papillons, en tapisse les murs. L’ensemble des photographies de femmes figées dans une action quotidienne : se coiffer, remonter ses bas, s’épiler, nettoyer la table… sont autant de témoignages d’une féminité dont les corps et la présence « physique » en sont l’ultime objet de représentation. La réalité dans sa crudité, sans artifice, mais photographiée avec le souci de la pose, du vêtement, du décor. Cette même réalité est mise à mal par le décor mis en place par l’artiste : des modèles qui lui sont proches, des amis, des connaissances, parfois même la famille, mais des photographies qui ne se destinent pas à documenter leurs propres espaces de vie et leur intimité. Plutôt un ensemble patiemment conçu et « fabriqué » en amont : les modèles ne sont pas forcément pris dans leur cadre quotidien mais parfois photographiés chez d’autres, les vêtements et accessoires sont occasionnellement apportés ou achetés pour les séances de pose… Ainsi, les images de ces femmes dépassent la posture « voyeuriste » du regardeur en détournant le « particulier » pour en donner une vision plus universelle, comme le film Les cheveux dans mes yeux (2004) présenté au Centre d’art qui ne donne pas seulement à voir un homme et une femme, mais traite plus largement de l’attente, de l’amour, d’un regard encore possible sur le réel d’un monde désillusionné, en perte d’imaginaire.