En partenariat avec la galerie ARKO à Nevers
ll y a mille manières de parcourir une ville. Il suffit de décaler son regard et de suivre la pente.
Une ville à l’oblique propose d’appréhender Nevers dans le mouvement. Se laisser glisser, pencher la tête, prendre le risque de la bascule… Les rendez-vous qui nous sont proposés explorent par le biais de l’action et de la performance les possibilités de faire surgir l’inattendu dans des espaces ordinaires.
Point de départ à une réflexion, réservoir d’images propre à nourrir l’imaginaire ou simple terrain de jeu, Nevers devient l’endroit de tous les possibles, dépliant au rythme de ces rencontres une série de visions échappées du réel. C’est à l’écart absolu d’un Charles Fourier ou encore aux villes invisibles d’Italo Calvino que l’on pense en filigrane, et c’est à une certaine idée de l’utopie que se frotte ce programme, nous rappelant, d’une proposition à l’autre, que nous n’avons jamais fini de connaitre et de penser une ville.
Benjamin Seror
Benjamin Seror réalise un travail d’installations et de performances qui sont le fruit d’une réflexion sur la transmission d’une histoire, en questionnant la mise en scène possible de notre mémoire à la fois réelle et fictive. La musique prend souvent la place à la fois d’objet de réflexion et de champs d’application dans ses performances où il occupe à la fois la place d’auteur, d’interprète et de musicien, à la croisée du modèle de la conférence et de la structure narrative d’un opéra.
Julie Béna
« Avec une humilité de moyens qui n’est pas seulement la marque d’un désir de simplicité, mais également le signe d’une attention prêtée aux choses, à ce qui passe sans faire de bruit, ce qui se tient dans l’interstice ou la ligne d’équilibre entre le perceptible et le déjà parraissant, Julie Béna raconte des histoires ouvertes, presque fragiles, qui semblent sortir du silence pour se tenir au moment où le tremblement des choses devient la naissance d’une histoire. Dans ses pièces, quelques éléments simples s’unissent soudain, s’agencent pour concourir à une présence narrative qui n’est plus l’histoire de ses éléments, mais une histoire autre, une forme autre, le résultat d’une métamorphose par laquelle tout a basculé. Julie Béna extrait du monde, et souvent du quotidien, des matériaux qui brusquement, tout en gardant le sens de leur origine (les lumières de la ville depuis un train la nuit, des nuages dans le ciel et les caprices d’une caméra), s’en échappent, ne sont plus l’histoire de ce quotidien où ils avaient lieu, mais se sont déplacés vers des narrations imprévisibles, devenus les reflets imprévus d’autres endroits du monde que ceux d’où ils sont nés*.» *Jérémie Grandsenne
Eric Madeleine
Éric Madeleine se dit producteur de gestes, sculpteur de compétences, tailleur de coutumes. Après avoir développé le concept du corps objet (sous le nom de Made in Eric), connu par des actions spectaculaires comme la vente du corps de l’artiste dans les émissions de télé-achat ou sa location à diverses fins utiles, Éric Madeleine observe le corps social, les fonctions, les gestes et les comportements qui le révèle, l’ordre qui en résulte. Il en reprend des éléments significatifs, les recharge de sens actif en y injectant de l’inventivité et de l’imagination par des décalages, des transpositions, de l’humour et de la poésie. Incisif et léger à la fois, il ouvre les codes et les attitudes à l’alternance ; il décolle du réel pour en dégager une vision phénoménologique, souvent éthologique.
Le Gentil Garçon
« Ni-ni
Je ne suis pas un sculpteur et pourtant il m’arrive de sculpter, je ne suis pas un dessinateur et pourtant il m’arrive de dessiner. Je ne suis ni photographe, ni cinéaste, ni architecte, ni chercheur mais souvent je photographie, je filme, je construit, je cherche. Idem, bien que je ne sois pas un performer, il me prend de me produire en public, de “jeter mon corps dans la bataille”, en un lieu donné, pour une durée déterminée. C’est étrange, parfois même on m’applaudit.» Le Gentil Garçon
Claude Cattelain
La performance de Claude Cattelain a quelque chose du mythe de Sisyphe et de l’éternel recommencement : l’artiste crée sans discontinuer des structures éphémères à l’équilibre précaire, toujours au plus haut, le plus haut possible, et qui tendent à s’écrouler d’une minute à l’autre. Qu’importe la chute de ces constructions en matériaux trouvés, Claude Cattelain réitère le geste, encore et encore, jusqu’à épuisement.